F.S.M.D.
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €

Partie de cartes

Aller en bas

Partie de cartes Empty Partie de cartes

Message  Rirof Mer 10 Jan - 1:21

Et voilà. Des heures qu'on était là. Tous les trois. Léon, Oueur et moi. Avec chacun la tête des mauvais jours.

Nous étions assis autour d'une table. A égale distance les uns des autres. Des pintes vides sur le sol se battaient entre elles. Des tonneaux éventrés déversaient quelques gouttes du breuvage dont ils étaient remplis peu de temps auparavant.

De gros cigares pendaient à nos lèvres. La fumée avait envahi la totalité de la pièce.

Je jetais un regard à l'un puis l'autre, sans cesse. Je gardais un calme apparent, mais je bouillais d'impatience. Nous allions bientôt voir le bout. Et ils allaient regretter de s'être frottés à moi.

Je touchais dans mon esprit le tas d'or devant moi. Ces pièces brillaient et avivaient une flamme dans mes yeux.

D'un coup, je me raidis, posais mes cartes face contre la table, portais mes deux mains sur les dernières pièces qu'il me restait, et les poussaient au milieu de la table.

" Tapis ! "

Je souriais, curieux de voir la réaction de mes compagnons. Et elle ne se fit pas attendre.

" Comment ça tapis ? "

Un souffle de fumée sortit des naseaux de l'animal. La gueule impressionante, Léon me fixait de ses gros yeux. Le cigare était passé de sa bouche à sa patte droite, et il avait incliné sa tête sur le côté.

" Comment ça tapis ? Ca veut dire quoi ça tapis ?? "

Oueur gardait le silence, mais il attendait ma réponse également. Il tira une latte lentement, et cracha la fumée en l'air.

" Beeeen... Tapis quoi ! Ca veut dire tapis ! C'est quoi le problème ?? "

Le dragon n'était pas satisfait. Il continua de me fixer, et sans regarder, se saisit d'une bière avec sa patte libre. Il s'enfila une rasade, en en renversant un peu, et inspira profondément de manière exagérée.

" Grmmblpf... D'accord. C'est comme tu veux... On a tous le droit de dire tapis après tout... "

Aussitôt après, il leva la tête, observant le plafond, ma présence étant devenue totalement transparente.

Je ne faisais plus attention à lui non plus. Mes pensées s'étaient ruées sur Oueur. Je n'espérais qu'une chose : qu'il tente de suivre, qu'il ose seulement...

La tension était là, palpable, suitant par tous les pores de notre peau. Le tavernier n'était pas un débutant. Il avait déjà gagné quantité de parties dans le passé, et s'était toujours avéré être redoutable pour déplumer ses partenaires.

Il allait lui aussi prendre une rasade de bière fraîche, lorsque Léon lui prit le bras. La bête secoua la tête, puis s'empara d'un tonneau à côté de lui.

Je reconnaissais le cachet sur le côté : le même que celui qu'il apposait sur chacun de ses cuvées spéciales. C'était un souffle embrasé du dragon.

En quelques instants, il servit Oueur et lui fit signe de continuer.

Oueur accomplit enfin l'acte. Les bulles explosaient déjà dans son estomac. Il était mal à l'aise, se montrant presque nauséeux.

Le dragon laissa échapper quelques spasmes montrer son contentement. L'effet qu'il espérait était là. Oueur ne pouvait pas résister...

" BoooOoaAAarps !!! "

J'étais stupéfait. Je m'attendais à ce que mon adversaire se précipite vers les latrines, mais il avait vaincu, et Léon ne pouvait que constater l'échec de sa basse oeuvre.

" Elle est goutûe ta bière dis-moi Léon... "

L'autre ne répondit pas. Il allait devoir rapidement se pencher sur une nouvelle boisson, ou il perdrait rapidement sa réputation.

" Et bien chers amis... Je vais moi aussi... jouer mon tapis... "

La voix était restée neutre. Pas de soubresauts trahissant une quelconque anxiété. Il était décidément fort.

Le tas d'or grossissait encore et prenait une importance apétissante.

Deux avaient maintenant parlé.

Venait le temps pour Léon de parler aussi, et de se retirer dans les honneurs ou tenter le tout pour le tout. Si seulement il savait ce qu'il attendait !

J'étais déjà cinq minutes plus tard, jetant ces pièces en l'air pour qu'elles attérissent sur moi, immanquablement attirées par la seule personne possédant un semblant de charisme.

Je les comptais une à une devant le regard de mes compagnons, attachés à leur chaise pour qu'ils voient bien qui était le meilleur.

" Ah ah ! "

Je n'avais pu retenir ce frisson de plaisir. Les autres continaient de fumer, buvaient sans compter. Qui avait eu l'idée de cette partie ? Nul s'en souvenait, nous étions entrés dans un autre monde. Là où la violence se transforme en véritable séance de torture mentale.

Un verre se posa alors sur la table, faisant sonner agréablement le bois à nos oreilles. Léon le dragon, le compagnon, le camarade, le tavernier sans pareil, allait enfin parler.

Oueur et moi avions tourné la tête vers lui. Ses yeux globuleux fixaient le tas d'or. Et sans surprise, ses lèvres nous glissèrent ces mots :

" Je vais, comme vous deux, mettre mon tapis. "

Simplement. Sans une trace d'émotion. La partie était jouée, plus personne ne pouvait reculer.

A cette annonce, je regardais une dernière fois mes cartes, et me tenais prêt à les poser, à les dévoiler enfin à la vue de tous. Oui, j'allais enfin gagner !

Une à une, je les retournais en les pliant légèrement. Les cinq cartes identiques, changeaient en cinq figures.

Je prenais une à deux secondes à chaque fois que l'une d'elle se mettait à nu. Profitant de cette tension tout autour de moi, m'en gorgeant de plaisir comme si je découvrais ma première pucelle.

Un valet.

Un deuxième.

Un troisième.

Les mine de Oueur et Léon viraient au rouge. Plus que deux cartes. Elles furent abattues d'un coup. Deux rois.

Je commençais déjà à sourire, et j'annonçais :

" Full aux valets par les rois ! Allez faites mieux que ça !!! Huk huk ! "

Ils étaient sidérés, abasourdis, impuissants. Je ne prenais pas le temps d'attendre leur réaction, et me jetais sur l'or.

" Hop hop hop ! "

" Que... ? "

Qui avait parlé ? Qui m'empêchait de profiter de mon or ?? Je vis alors, à ma droite, s'élever tranquilement dans les airs un crâne bien connu : Ed Laïkkheu Ohhle. Il claqua les dents de mécontentement.

" Et ben alors ? Oh ? Je compte pas moi ? J'ai encore rien annoncé ! "

Mon sourcil droit se releva, interrogatif.

" Que ? Tu joues toi ? "

" Rhaaaa... Et les cartes sur ma chaise elles comptent pas peut-être ??! J'suis peut-être qu'un morceau d'homme, mais faudrait songer à me considérer un peu mieux que ça hein ![/b] "

Mon sourcil gauche se releva alors lui aussi. Interrogatif.

" Taaaaain... Bon allez, qu'est-ce tu dis ? "

" Tapis. "

Et meeeee***. Lui aussi se sentait de taille à m'affronter. Lui aussi allait tout perdre !

Oueur prit alors la parole, presque blasé par ce qu'il venait de voir. Et sans hésiter, annonça qu'il s'arrêtait là.

" Huk huk ! Mon cher Oueur ! Il me semble que tu n'es plus aussi infaillible qu'à une certaine époque ! "

Venait le tour de la bébête rose. Je sentais déjà la scène venir : elle, furax, dépossédée de ses biens, et se levant en grognant pour aller préparer une quelconque boisson.

Sa tête revit alors une expression presque malsaine. Léon baissa les yeux, et jeta ses cartes sur la table. Alors qu'elles volaient, je tentais de voir leur face cachée auparavant.

Eparpillées aux quatre coins, je les identifiais l'une après l'autre. Une dame, un 10, une dame, une dame ?! Restait la dernière carte qui pouvait sceller mon destin. Elle était face contre la table.

Léon ne s'excusa pas de sa maladresse, et s'empressa de la retourner. Un 9. Et il se recula , se morfondant dans son fauteuil.

J'étais aux anges ! Ce brave crâne n'aurait jamais ma chance !

" Hum hum... C'est donc à mon tour... "

Lévitant au dessus de son siège, les cartes entre les dents, Edi posa maladroitement ses cartes.

Je faillis m'évanouir. Comment était-ce possible ? Ce qu'il venait de faire relevait du miracle !! Parfaitement identiques, quatre cartes représentant un as avaient brisé mes espoirs.

" RhAaAaAaaaaa !!! Mais c'est pô possible ça !! Et depuis quand tu sais jouer toi ?? Hein ?? T'avais pas dit que c'étati la première fois que tu jouais ?? C'est nous qui devions te plumer et pas l'inverse !!! "

" Hé hé... Messieurs, je suis désolé de vous avoir donné une leçon de poker ce soir... Mais je ne peux rester plus longtemps ici. Quelqu'un aurait-il une bourse.. vide ? Afin que j'y enfouisse mes gains ? "

Je ne pouvais supporter ce ton avec lequel il nous parlait. Je n'en revenais pas de m'être fait avoir par un gringalet comme lui ! A contre-coeur, je me chargeais alors de remplir un sac de cet or.

" Voilà. C'est fait. Et la prochaine fois, évite de jouer avec nous.... "

Edi nous fit un signe d'au revoir, et s'en alla tranquillement de la taverne. Je serrais le poing. De rage, j'avais jeté ma pinte au sol lorsque j'avais découvert... l'horreur. Je la cherchais maintenant des yeux quand...

" Mais qu'est-ce que... ? "

Une carte. Deux. Trois. Un tas de carte sous la chaise d'Edi !!!! Je compris alors inconsciemment que nous avions été eus. Léon et Oueur avaient la même expression, la même envie de tuer dans les yeux.

" EDIIIII I I I I I I !!!!!!! "
Rirof
Rirof
Fausse blonde

Nombre de messages : 1024
Age : 40
Date d'inscription : 16/05/2005

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum